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La Lyre Grégorienne


Jarrier, il existe une longue tradition musicale. Les chantres, comme dans beaucoup de paroisses, animaient les fêtes religieuses et des "violoneux" jouaient à l'occasion des mariages et des fêtes diverses. Au XIXe siècle, ces musiciens se réunissaient le dimanche dans les hameaux et jouaient pour le plaisir de la population. La création de la Lyre, nous la devons à Grégoire Gaden, né le 26 avril 1840, fils de François Gaden et de Françoise Déquier. Ayant fait des études secondaire, Grégoire devient instituteur en 1859 à 19 ans, puis ayant été tiré au sort pour le service militaire, il fut incorporé en 1861, pour 7 ans, au 60e Régiment de Cavalerie. II découvre alors la musique militaire pour laquelle il s'enthousiasme. Lorsqu'il vient en permission, il communique sa passion à ses amis et il persuade Etienne Déquier, instituteur, de suivre des cours de musique avec la fanfare de Saint-Jean-de-Maurienne. Promu sous-officier en 1867 à Gap, puis lieutenant de cavalerie, il obtient que des jeunes Jarriens fassent leur service dans des fanfares militaires. Revenu au pays après sa carrière dans l'armée, Grégoire rassemble les joueurs de violon avec des jeunes musiciens et leur propose la formation d'une fanfare. Les joueurs acceptent de changer leur violon contre des cuivres. C'est ainsi qu'est né en 1875 la Lyre Grégorienne en hommage à son fondateur et premier président.

Grégoire habite le hameau de la Tour, près de Saint-Jean-de-Maurienne. Naturellement il établit des liens solides et durables avec les responsables et les musiciens de la Lyre Mauriennaise, jouant ensemble et participant souvent aux mêmes fêtes.
Depuis le début, Etienne Dequier est le directeur de la Lyre, il ne cesse de former des jeunes musiciens. Début difficile car il faut rassembler des adhérents, acheter des instruments, des partitions et monter un programme... Mais tous sont des amateurs unis par l'amour de la musique. D'abord se faire plaisir, puis communiquer, faire partager. Et ces jeunes musiciens sont au rendez-vous des grandes fêtes, tant laïques que religieuses. Lors de la visite de l'évêque, en 1882, la Lyre Grégorienne se rend au lieu-dit Sous-La-Croix pour accueillir Monseigneur Rosset et ce dernier apprécie fort cet accueil en musique. Dés lors, elle ne manque aucune occasion de jouer à Jarrier, pour la venue de personnalités, pour les fêtes surtout pour la Sainte Cécile, mais aussi à l'extérieur de la commune.
Ce 21 juillet 1895, la Lyre est au rendez-vous du festival de musique à Saint-Jean-de-Maurienne : « A huit heures du matin, la Lyre Mauriennaise et la fanfare de Jarrier se rendent à la gare pour attendre leurs camarades de l'Echo de l'Arc et de la fanfare d'Orelle. Ils sont reçus aux accents des Allobroges, puis le cortège se forme rapidement et l'on se dirige sur le champ de foire où a lieu la répétition des morceaux d'ensemble. Disons-le, à l'éloge des diverses sociétés, cette répétition s'est faite sans tiraillements, en dépit des difficultés que pouvaient présenter le grand nombre d'exécutants. (L’Indicateur de la Maurienne 27/07/1895) » Au mois d'août de la même année, la Lyre participe au concours des sociétés musicales, à Chambéry : 97 sociétés prirent part à ce concours non sans avoir défilé à travers les rues de la ville. La Lyre Grégorienne de Jarrier obtint un troisième prix de lecture à vue et un troisième prix d'exécution. Le lendemain, de retour dans la capitale mauriennaise, avec la Lyre Mauriennaise qui avait également obtenu plusieurs prix, ces sociétés sont acclamées et couronnées! « Une superbe couronne est offerte à la fanfare de Jarrier par les Jarriens de Saint-Jean ; les musiciens de Saint-Jean et de Jarrier enthousiasmés, oublient leur fatigue et continuent leur promenade, avec les bannières en tête... C'est une ovation continuelle, aux cris de : « vive la Lyre, vive les jarriens ». Le président Grégoire ne manque pas de remercier la Lyre Mauriennaise ainsi que la population de Saint-Jean, de l'accueil si sympathique qui lui a été fait à son retour du concours de Chambéry. Cet accueil ne fera qu'affermir davantage l'amitié, le dévouement et la fraternité qui existe entre Saint-Jean et Jarrier. (L’Indicateur de la Maurienne du 24/08/1895)» Ce qui caractérise les musiciens de Jarrier, depuis le début, c'est leur costume : veste blanche du pays, pantalon noir, chemise blanche, noeud papillon, gilet sombre, longue ceinture de drap rouge et chapeau de feutre. Dans les années trente, les musiciens de la Lyre prirent comme tenue, un habit sombre, une casquette en drap bleu marine avec lisière et galons or et une cravate bleue sur laquelle était imprimée une lyre. Ce n'est qu'en 1958 que l'on fit faire de nouvelles vestes blanches avec du drap de Séez, même tissu, même coupe, rappelant l'authentique veste de l'Arvan, portée par des générations en toutes circonstances. Pour la première sortie, la nouvelle tenue fut portée lors du championnat de France de ski à Valloire en 1958. La Lyre Grégorienne eut des hauts et des bas, comme toutes les sociétés. Après la réussite du début du siècle où elle sut se faire apprécier à l'extérieur et dans le village à chaque occasion, donnant souvent des aubades dans les hameaux, elle connut des périodes difficiles avec le départ au Canada en 1904 de Pierre-Antoine Fay, François Chappellaz, Alexis Déquier, Jean-Pierre Picton ainsi qu'en 1905 du chef de musique Jean-Louis Picton, et Antoine Chappellaz tous musiciens confirmés. Mais ces émigrants, sur leur nouvelle terre, ressortirent leur instrument et formèrent la fanfare de Saint Claude en 1906, avec d'autres musiciens comme les fils de Maurice Fay, Jean et Emile.(3) Puis vint la Guerre de 1914-1918. Beaucoup de musiciens furent appelés à servir la patrie. Tous ne sont pas revenus, le président fondateur également décédé (1917), la Lyre connu une période d'hibernation. Après la grande guerre, il fallut repartir à zéro, faire de nouveaux rassemblements, former, instruire de nouveaux élèves. La fanfare reprit sa vitesse de croisière en 1925 avec une promotion de 10 élèves, sous la direction de Joseph Léard. La Sainte Cécile
Les musiciens savaient aussi se faire plaisir à l'occasion de la Sainte Cécile. Nous l'avons vu, chaque année, la Lyre grégorienne invitait les autorités et les membres honoraires de Saint-Jean-de-Maurienne, c'étaient de grands moments de convivialité, des "agapes fraternelles" inoubliables!
Celles des années 1900 et 1902 furent particulièrement remarquées, comme l'a écrit la presse locale : « La fanfare de Jarrier a célébré dimanche dernier la fête de la Sainte Cécile. Après une messe en musique pendant laquelle elle a fait entendre les meilleurs morceaux de son répertoire, elle s'est réunie dans sa salle de répétitions où avait lieu un banquet dont M. Saturnin Covarel, maire de Fontcouverte, conseiller d'arrondissement, avait bien voulu accepter la présidence.
Malgré le mauvais état des chemins et la neige qui tombait à gros flocons, plusieurs personnes de Saint-Jean, membres honoraires ou invités, avaient tenu à apporter par leur présence une marque de sympathie et d'encouragement à la Lyre Grégorienne.
Après le repas, qui a été empreint de la plus franche cordialité, M. Covarel a félicité les musiciens des progrès notables qu'ils font chaque année. Il les a félicités surtout d'avoir su chercher et trouver dans la musique un délassement sain et moral à leurs pénibles travaux et de donner à leurs concitoyens un si bel exemple d'union et de solidarité. Il a dit avec raison que ces résultats étaient obtenus grâce à l'énergie, à l'infatigable dévouement et aux sacrifices de leur sympathique président, M. Grégoire Gaden, qu'il a félicité chaudement aux applaudissement de tous.

Dans l'après-midi, la fanfare donnait un charmant concert devant la mairie, puis on s'est remis à table et la fête a continué toujours aussi intime et gaie jusqu'à l'heure où chacun se séparait, enchanté de la bonne journée qu'il venait de passer.
Au cours du banquet de 1902, le Docteur Grange, alors président de la Lyre Mauriennaise, avait eu l'heureuse inspiration d'apporter une quantité de bouteilles renommées, Princens 1882. Inutile de dire que cette généreuse offrande a été accueillie par des applaudissements unanimes et que les chantres ont trouvé, dans ce nectar parfumé, la verve et l'aplomb nécessaires pour égayer l'assistance jusqu'à la nuit. (L’Indicateur de la Maurienne du 01/12/1900) » Les anciens se souviennent que le banquet se déroulait dans une salle de la mairie. Pour le repas, il fallait tout prévoir et tout apporter, du fourneau à bois, à l'alimentation... Les musiciens ne devaient pas oublier assiette, verre, cuillère, fourchette... C'est après le concert donné le matin sur la place de l'église que le repas pouvait débuter par la traditionnelle soupe mitonnée, arrosée du bouillon du pot-au-feu. L'après midi, les musiciens donnaient des aubades dans les hameaux et le soir un nouveau repas était servi, suivi d'un bal familial avec les membres honoraires. Une demi-douzaine de musiciens formaient l'orchestre.
Formation et école de musique.
La formation de jeunes musiciens est une préoccupation majeure d'une fanfare comme celle de Jarrier. Sans cesse il faut recruter des jeunes qui ont le goût de la musique et s'assurer le concours de formateurs. Longtemps les professeurs de musique étaient des bénévoles qui ouvraient leur porte à ces jeunes pour leur apprendre le solfège. Les anciens se souviennent des longs déplacements, le soir, dans le froid, dans la neige, dans la nuit... Les répétitions avaient parfois le goût de "gnole" qui donnait "chaud aux oreille", jusqu'à ce que les dièses, les bémols et... les soupirs soient devenus familiers ! Long apprentissage de deux années pendant lesquelles les jeunes devaient faire preuve d'assiduité, avant le grand jour où ils se produiraient en public. Cela était inscrit dans les statuts depuis la fondation : « les élèves ne sont admis sur les rangs que lorsqu'ils auront acquis les connaissances nécessaires et après examen passé devant les chefs de pupitre. » Et ce premier jour, pour le jeune musicien, le trac au ventre, c'est un jour de gloire. Souvent les formateurs étaient les directeurs de la Lyre où d'anciens musiciens pour qui les partitions n'avaient plus de secret : Etienne Déquier, Pierre-Antoine Fay, Michel Picton, Joseph Picton, Joseph Léard, Jean-Baptiste Léard, Maurice Léard, Eugène Déquier, Albert Picton et Laurent Julliard qui animera un atelier musical en 1986, avant de créer avec Albert Picton, en 1989 l'Ecole de musique de Jarrier... Si les formateurs autrefois enseignaient gratuitement, les élèves se devaient de rendre ce service par des journées de travail .
La Lyre Grégorienne de Jarrier a assuré auprès des jeunes, une formation culturelle indéniable, surtout après la seconde guerre mondiale : il n'est pas un jeune jarrien qui n'ait été "touché" par la musique. Les jeunes filles ne firent leur entrée à la Lyre que tardivement, puisqu'elles ne prirent leur place qu'en 1966. Ce fut un encouragement car bientôt la Société compta jusqu'à 60 participants, avec une moyenne d'âge de 22 ans en 1979. Toutefois, les études et le travail à l'extérieur de la commune ne facilitaient pas l'assiduité aux répétitions et par là même aux sorties.
Aujourd'hui l'école de musique est devenu intercommunale. Le SIMCA, syndicat intercommunal de L'Arvan depuis 1994, accepte les élèves des communes de Saint Pancrace, de Fontcouverte et de Villarembert et même d’ailleurs. En avant la Musique
Il serait bien difficile de retracer toutes les sorties et concerts donnés par la Lyre Grégorienne, mais l'on retiendra surtout le grand rassemblement des costumes de 1930 à Saint-Jean-de-Maurienne qui fut une fête mémorable. Y participèrent, comme il se doit, des jarrienches costumées et la Lyre Grégorienne qui marchait en tête lors du défilé sur l'avenue de la gare. En 1942, la Lyre s'enrichit d'une clique avec tambours et clairons, ce qui donnait plus de rythmes aux défilés. En 1960, elle fut demandée dans tout le département pour célébrer en fanfare les fêtes du centenaire du rattachement de la Savoie à la France. L'on vit aussi les musiciens accompagner à partir de Montmélian les deux éléphants qui tentaient de reconstituer le passage d'Annibal à travers les Alpes. Elle ne manqua pas, en 1975, de célébrer en musique, le centenaire de sa fondation, sous la direction de Maurice Léard et du président Joseph Gaden. Ce fut un grand spectacle avec défilé de chars et la participation de cinq fanfares au Gala Musical. La messe du matin ayant été animée par le Quintette du Conservatoire de Chambéry. Beaucoup de déplacements et de voyages en dehors de la vallée ont eu un succès mérité : de l'Italie toute proche, à la fête du vin dans le Beaujolais, aux festivals de musique, en particulier ceux de Saint-Jean-de-Maurienne en 1981 et 1990, jusqu'à la découverte de la Capitale en 1991. Bannière au vent dans les grandes occasions et à la tête des défilés, une lyre sur fond de bleu, de blanc et de rouge.
Tenue tricolore également pour fêter le bicentenaire de la révolution française, au cours d'une soirée spectacle, en 1989 : un théâtre pour rappeler l'action de Jean-Baptiste Marcoz premier député de la Savoie à la Convention de 1793. Ce soir là, les Allobroges, en chant final, a rassemblé sur scène les participants nombreux, les enfants de l'école, le club du troisième âge, le théâtre des jeunes ... Et la Lyre jouant devant l'Arbre de la Liberté planté à cette l'occasion.
La Lyre Grégorienne prenant de l'âge, célébrait en 1996, le 120e anniversaire de sa création (avec un an de retard), toutes les musiques de la vallée étaient présentes le 25 mai. Le Président Picton recevait, à cette occasion, la médaille de la Fédération des Musiques de Savoie des mains du Président Vagnon.
La Lyre Grégorienne, une équipe de copains, sachant aussi tisser des liens d'amitié un peu partout, faisant parfois appel à des musiciens de Saint-Jean, de Saint-Julien ou d'ailleurs, renforçant à leur tour ces harmonies, à la demande. « Il s'agit au niveau d'une commune modeste, d'un exemple remarquable, d'une volonté sans faille au service d'un même esprit et d'une véritable culture populaire. (Dauphiné Libéré du 05/07/1975) »
Les sociétés de musique se doivent de ne pas oublier les anciens, ceux qui ont beaucoup donné, qui restent fidèle à une tradition, à un village, à une culture même... En 1980 pour la vogue au pays, la Lyre honorait Maurice Léard, directeur pendant 31 ans et 43 années passées au service de l'art musical. En 1991, à l'occasion de la Sainte Cécile, la médaille de vétéran avec palme fut épinglée à deux anciens particulièrement méritant: Jean Julliard et Pierre Antoine Marcoz, tous deux entrés à la Musique en 1925 ; médaille de vermeil (40 ans) également à Paul Flammier et à Albert Picton entrés en fanfare en 1951. Tous les musiciens décorés ne sont pas cités mais tous méritent une reconnaissance.
C'est l'occasion de rappeler ici quelques traditions bien suivies : le règlement c'est le règlement... dans les statuts de 1939, il est écrit : "la Société donne une sérénade à celui de ses membres actifs ou honoraire qui vient à contracter mariage à moins d'un refus du nouveau mari" ... L'article suivant n'oublie pas celui qui s'en va: "Les honneurs musicales seront rendues pour toutes sépultures, d'un membre actif ou ancien membre de la Lyre que l'âge, la maladie ou autre causes majeures auront mis dans l'obligation de quitter la société." Ces obligations, la Lyre les a assumés en toutes occasions. Elle fêtera en 2005 ses cent trente ans, communiant avec ses amis et la population dans un même esprit de fraternité et... d'harmonie.
La musique est une façon d'aimer la vie, souhaitons longue vie à la Lyre Grégorienne et à ses musiciens.

(Textes et photos tirés du livre de Daniel DEQUIER « En avant la musique »       Présidents successifs : Grégoire Gaden 1875-1917 Eugène Picton 1924-1927 Michel Gaden 1927-1942 Joseph Gaden 1942-1978 Jean Julliard 1978-1986 Albert Picton 1986
Directeurs successifs : Etienne Déquier 1875-1890
Pierre Antoine Fay 1890-1902 Jean-Louis Picton 1902-1904 Michel Picton 1904-1933 Joseph Picton-1933-1947 Eugène Déquier 1947-1949 Maurice Léard 1949-1987 Laurent Julliard 1987
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