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Les veillées

C'étaient des moments de convivialité qui rassemblaient à l'écurie, la plus grande pièce de la maison, les amis, les voisins et la famille. Bientôt au dehors, en entendait les sabots qui crissaient sur la neige et des « toc-toc » répétés sur le seuil annonçaient l'arrivée de groupes.
Les femmes, avec leur rouet, prenaient place autour de la lampe à huile, « lo créjé », les hommes allaient s'asseoir modestement dans les coins les moins éclairés, tandis que les jeunes tentaient de rester discrets dans la pénombre. Pendant que les femmes filaient, les hommes confectionnaient des paniers ou réparaient des objets en bois.
A certaines veillées, on « dégromaillait », qui veut dire casser des noix pour en faire de l'huile.


La veillée
Les conversations allaient bon train et bientôt un air de chanson était lancé, le refrain était repris en chœur. Chansons romantiques, patriotiques suivant les époques, mais aussi chansons locales en patois… Quelques personnes avaient un bon répertoire et ne se faisaient pas prier pour chanter en solo, tandis que d'autres, conteurs nés, tenaient en haleine l'assemblée avec des contes légendaires où les fées, les revenants, le curé et le diable se disputaient les rôles.

On savait également rappeler en détails les événements passés et la moquerie étaient présente dans les histoires locales mais, pour ne compromettre personne du pays, on situait toujours l'action chez les voisins de Saint-Pancrace ou d'ailleurs.
Parmi les contes et légendes, on peut citer :  « Une visite pastorale à Saint-Pancrace , l'ours de la Balme, l'homme de Saint-Colomban-des-Villards, la bergère et la fée, le diable de Saint-Pancrace… »
Les potins et les nouvelles étaient longuement commentés et critiqués en patois comme il se doit.



Le travail de la laine
Puis quand venait le moment de quitter la chaude ambiance de l'étable, tout le monde se levait pour une prière dite en commun, alors les plus jeunes enfants se blottissaient dans les jupes de leur mère. Dans un joyeux « bon vépro » on se donnait rendez-vous pour une prochaine soirée… Ainsi dans ces veillées, se perpétuaient les traditions et se forgeait une identité villageoise.

Daniel Dequier





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